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Dossier des allergènes non déclarés : Asthme et Allergies Québec poursuit sa croisade

L’association Asthme et Allergies Québec (AAQ) poursuit ses démarches auprès de Santé Canada et de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) afin que le processus canadien d’alertes à l’allergie soit revu.

Cette croisade qu’a entreprise l’AAQ fait suite aux deux cas de margarines contaminées que j’ai portés à votre attention au cours des derniers mois (margarines Nuvel [1] et Celeb [2]). Des analyses avaient révélé que ces deux produits contenaient des protéines de lait bien que leurs étiquettes n’en faisaient pas mention. Deux jeunes enfants allergiques aux produits laitiers avaient subi des réactions graves après en avoir mangé. Pourtant, l’ACIA n’avait pas jugé bon d’émettre un avis public pour alerter les consommateurs allergiques du danger que présentaient pour eux ces produits.

Le 23 novembre dernier, l’AAQ a reçu à ses bureaux des représentants de l’ACIA et de Santé Canada afin de discuter de ce dossier. Le directeur général de l’AAQ, monsieur Gervais Bélanger, m’a envoyé le texte suivant qui résume les préoccupations de l’AAQ suite à cette rencontre :

Notons que tout ce processus de rappel s’appuie sur une évaluation du risque comme nous l’avions soulevé. Il appert donc que le ministère agit en toute connaissance de cause. Ceci signifie que le ministère a identifié un problème, mais sciemment, consent à ce qu’une partie de la population en soit affectée sous prétexte notamment :

1) que le risque n’est pas grave ou mortel
2) que les quantités ou concentrations décelées ne peuvent affecter qu’une faible partie de la population.

D’où la classification à 3 niveaux de rappels, dont seul le premier fait l’objet d’avis public, soit lorsqu’il existe une probabilité raisonnable que l’utilisation d’un produit non conforme ou une exposition à celui-ci entraînera des effets nuisibles graves sur la santé, voire même la mort.

À notre avis, la clé du problème actuel se situe au niveau des classes 2 et 3 qui ne font pas l’objet de communication systématique comme ceux de la classe 1, mais dont il est quand même possible de retrouver l’information après avoir interrogé le système informatique de l’ACIA. Mais cette information échappe au public, car pour ces cas, il n’y a pas d’inscription généralisée permettant de recevoir automatiquement les avis. L’inscription actuelle au site de l’ACIA crée donc un faux sentiment de sécurité, car les consommateurs croient recevoir TOUS les avis de rappels, alors qu’ils ne reçoivent que ceux de classe 1.

À notre grande surprise, il faut également ajouter une classe « fantôme », c’est-à-dire pour les cas où il y a eu détection d’allergènes non déclarés, mais dont la concentration est trop faible, une infime trace, pour en faire un rappel – donc inférieure à la classe 3. Aucune information sur ces cas n’est disponible sur le site de l’ACIA, et ce, volontairement.

En fonction de cette théorie du risque, le ministère tolère de plein gré un risque jugé minimal. Mais il est à la fois juge et parti dans cette cause! Et toujours en fonction de cette théorie du risque, TOLÉRANCE ZÉRO n’existe pas! L’éviction de l’allergène n’est-elle pas encore la règle d’or en matière de prévention?

À notre avis, tous les cas d’allergènes devraient être signalés à la population. Ces informations devraient aussi être centralisées sous un onglet facilement identifiable et accessible pour que les consommateurs puissent aussi s’y abonner. Le consommateur, avisé, aurait alors le libre choix de se procurer un produit en mettant en parallèle la connaissance d’un risque potentiel clairement identifié et son propre état, son niveau de réactivité à l’allergène en question.

Dans ce dossier qui nous préoccupe, il ne faut pas oublier les deux grands principes de base, soit :

1) La santé et le bien-être des consommateurs doivent être protégés en tout temps;
2) Le consommateur a droit à l’information et à la protection sans discrimination.

Nier ou ne pas consentir à reconnaître ces dits principes impose un stress inutile au consommateur qui s’interroge continuellement sur la qualité/salubrité du produit à consommer, sa dangerosité et le niveau de risque encouru lors de sa consommation.

Dans cette optique, on nous annonce des modifications pour améliorer communication et transparence, sans en préciser cependant la nature exacte ni le moment précis.

L’AAQ continuera à suivre ce dossier de très près. Et moi aussi!