- dejouerlesallergies.com - http://dejouerlesallergies.com -

Intimidation : ne vous laissez pas faire!

Selon une récente étude [1], près du tiers des enfants allergiques seraient victimes d’intimidation, le plus souvent à l’école. Quelle stratégie adopter face à l’intimidation en milieu scolaire? Christophe, 14 ans, témoigne.

Par Christophe Bettez-Théroux

C’était un matin d’école. Un de ces matins où tout le monde est un peu grognon et où les conflits peuvent éclater comme bourgeons au printemps. Je me tenais devant ma case et mangeais un muffin maison, quand un élève que je n’appréciais pas est arrivé devant moi.

« Tasse-toi donc, je passe, m’a-t-il dit.
– Passe ailleurs, ai-je répondu.
– J’ai vraiment envie de te frapper…
– C’est réciproque.
– C’est ça, c’est ça, a-t-il répliqué. Je te fais avaler une peanut et t’es à terre! »

Eh oui, c’est vrai. Les allergies alimentaires, comme tous les handicaps visibles ou invisibles, peuvent être utilisées par des gens (surtout des adolescents) à des fins d’intimidation. Je n’irais pas jusqu’à affirmer que cet élève me ferait « avaler une peanut » pour vrai, parce que malgré leurs menaces, les ados ont peur des conséquences de ce genre de gestes. Tout de même, je n’apprécie pas me faire rappeler cette « faiblesse ».

Pas une exception

La déclaration violente de cet élève ne représente malheureusement pas une exception. Plusieurs fois, des élèves m’ont demandé, en me montrant leur collation, si j’aurais une réaction allergique grave en la mangeant. J’ai toujours répondu « oui ». En général, on me faisait alors un sourire entendu en déclarant « je vais m’en souvenir ». Assez inquiétant, selon moi.

Au primaire également, en deuxième année, je portais mon auto-injecteur d’adrénaline dans un étui très gros, qui se balançait au moindre mouvement. Étant très encombrant et bougeant presque toujours, il attirait des remarques désobligeantes ou même carrément méchantes. On me demandait souvent ce que je trimbalais là-dedans. Je répondais qu’il s’agissait d’un auto-injecteur d’adrénaline pour mes allergies. On me questionnait alors sur celles-ci.

Une fois, j’ai mentionné une allergie à la banane devant un autre garçon qui, justement, en mangeait une. Pour rire un peu, il a approché sa banane de mon visage jusqu’à ce qu’elle soit dangereusement proche, et m’a demandé ce qui arriverait s’il me la faisait avaler. Je lui ai répondu, avec la naïveté des enfants, que je ne pourrais plus respirer. Il a repris sa collation et l’a mangée sans me la faire avaler, mais à partir de ce jour l’intimidation (verbale et physique) a commencé.

Il faut en parler!

C’est triste mais j’ai constaté à la dure que dès qu’on a quelque chose de spécial, ça peut nous revenir en pleine figure. Je dois dire que même si, de récréation en récréation, j’étais victime d’intimidation, je n’osais pas en parler aux adultes.

Mauvais réflexe!

Deux fois dans ma vie, j’ai subi une véritable intimidation en raison de mes allergies. À l’école primaire, j’ai attendu quatre mois avant d’en parler à ma mère, puis à la directrice. Dès que je l’ai fait, l’intimidation a cessé. Après avoir été rencontrés par la directrice, mes agresseurs ont compris le message et ne m’ont plus jamais menacé avec un aliment auquel j’étais allergique.

Le deuxième épisode d’intimidation date de peu, quelques mois à peine. Cette fois, ça n’a pas duré longtemps. Après cinq jours de menaces, d’allusions malveillantes et d’insultes, j’ai contacté mon tuteur qui a rencontré l’élève. Celui-ci ne m’a pas traité de « rapporteur » ou de quelque autre qualificatif dans ce genre. Le problème a été réglé en dix minutes, sans exagération!

L’auto-injecteur : toujours essentiel

Surtout, surtout, ne cédez pas à la tentation, parfois très forte à l’adolescence, de cesser de transporter votre auto-injecteur d’adrénaline! C’est bien plus important d’être préparé à traiter une réaction allergique que d’essayer de faire oublier ses allergies! Croyez-moi, lorsqu’on a une réaction allergique on est très heureux d’avoir son auto-injecteur à portée de main. Il sauve des vies, après tout!

Ce qu’il faut dire aussi, c’est que ce n’est pas parce qu’on porte un auto-injecteur ou qu’on est allergique à un certain aliment qu’on sera automatiquement victime d’intimidation. Dans mon cas, à partir de la deuxième année du primaire jusqu’à la fin de la sixième, je n’ai plus été ciblé en raison de mes allergies, et j’ai pourtant continué à porter l’auto-injecteur. Comme prétexte pour intimider, c’est vraiment risible!

Bref, si vous vous faites intimider, ne vous laissez pas faire!

Christophe [2]Âgé de 14 ans, Christophe Bettez-Théroux est allergique à plusieurs aliments… mais n’a jamais laissé ses allergies se mettre en travers de ses rêves. Il a inspiré la rédaction du livre Déjouer les allergies alimentaires [3] (dans lequel on trouve d’ailleurs deux recettes qu’il a lui-même développées).

Rédaction : janvier 2013

Vous avez aimé cet article? J’envoie, à toutes les deux semaines, une infolettre gratuite à mes abonnés. Pour être avisé de mes dernières trouvailles, inscrivez-vous à celle-ci en cliquant ici [4]. Je vous invite également à me suivre sur Facebook [5], Twitter [6] et Pinterest [7].