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Un test de provocation, comment ça se passe?

Par Christophe Bettez-Théroux

Mercredi, 12 h 45 : test de provocation aux pois chiches. Ma mère, mon père et moi sommes dans la salle d’attente de l’Hôpital Sainte-Justine, en compagnie de nombreux parents et enfants qui attendent, comme nous, qu’on appelle leurs noms.

Après quelques minutes, une infirmière vient me chercher («Christophe Bettouze?») pour m’emmener dans une pièce où je suis pesé et mesuré. On me transfère par la suite à une seconde salle d’attente. Une autre infirmière m’appelle (celle-là me connaît et prononce mon nom correctement) pour le test cutané.

Première étape : le test cutané

Le test cutané est très simple : sur mon avant-bras, l’infirmière trace au stylo bleu diverses marques qui correspondent aux substances testées. Pour moi, ce jour-là, il y en a quatre : pois chiches frais, houmous de pois chiches, positif, négatif. L’infirmière dépose ensuite à côté des marques des extraits de ces substances, puis pique ma peau avec une petite aiguille sous chaque extrait pour qu’il y pénètre. Elle nettoie ensuite superficiellement la peau, puis c’est dix minutes d’attente (surtout, sans se gratter) pour laisser le temps à la peau de réagir.

Si, pour une substance donnée, la peau se gonfle, cela veut dire que le test est positif (et que je suis probablement allergique à l’aliment testé). Si, par contre, il n’y a aucune réaction cutanée, le test est négatif (et je ne suis probablement pas allergique à l’aliment). Les extraits « positif » et « négatif » sont là pour assurer que la peau réagit correctement : l’extrait « positif » est supposé toujours faire gonfler la peau alors que l’extrait « négatif » est neutre.

Pourquoi faire un test de provocation orale, me demanderez-vous, si on a la possibilité de faire un test cutané? Tout simplement parce que ce dernier n’est pas toujours fiable. Le meilleur exemple de cela, dans mon cas, est le latex : le test cutané donnait toujours un résultat positif, mais l’allergologue a soupçonné un faux positif. Un test de provocation (dans le cas du latex, il s’agit d’enfiler un gant… je n’ai pas eu à en ingurgiter) a permis de conclure que je n’y étais, finalement, pas allergique.

Le test cutané est souvent celui qui fait le plus peur aux jeunes enfants. Il n’est pas rare que certains, voyant l’aiguille, se mettent à hurler, à pleurer et à se débattre. Cependant, c’est à peine si elle pique! Sur le coup, c’est un petit pincement et c’est tout. La sensation s’estompe très rapidement. Selon moi, le plus désagréable, c’est de devoir attendre dix minutes alors que le picotement donne envie de se gratter l’avant-bras… disons quand même que, comme souffrance, on a vu bien pire.

On passe aux choses sérieuses : le test de provocation

Après cette attente, la peau a eu le temps de gonfler. Sans surprise, l’extrait «positif» a donné le résultat attendu, mais les autres substances restent négatives. L’allergologue donne son consentement pour procéder au test de provocation… c’est parti!

Tout d’abord, l’infirmière me fait signer une lettre de consentement au test (tous les patients âgés de 14 ans et plus doivent signer eux-mêmes une telle lettre), puis elle examine mon ventre et mon dos avant de me donner l’équivalent de deux cuillérées d’houmous de pois chiches.

J’attends 15 minutes (à peine le temps de lire quelques pages du roman que j’ai apporté). Durant cette période, le plus important, c’est de surveiller tout signe (allant d’une simple enflure jusqu’à un serrement des voies respiratoires) que le corps réagit mal à l’aliment. Dans mon cas, il n’y a aucune manifestation inquiétante et je retourne voir l’infirmière qui examine à nouveau mon ventre et mon dos avant de me donner une deuxième portion (substantielle, celle-là) d’houmous. Je dois ensuite attendre une heure pour voir s’il y a une réaction.

Parenthèse : ma provocation aux pois chiches s’est effectuée en deux doses. Cependant, selon le degré de risque (et, paraît-il, d’inquiétude des parents), les infirmières peuvent étirer le test jusqu’à cinq doses. Je n’ai, personnellement, jamais eu à prendre plus de trois doses.

Le verdict, enfin

Le test de provocation est réussi! Après un autre examen de ventre et de dos, je rencontre l’allergologue qui formule ses recommandations : entre autres, de manger une petite quantité de pois chiches à tous les jours, pendant les premiers mois suivant le test. Effectivement, mieux vaut mettre toutes les chances de mon côté pour que mon corps s’habitue aux pois chiches et ne redéveloppe pas l’allergie.

Aucun des tests de provocation que j’ai subis au fil des années n’a échoué. Je ne peux donc malheureusement (ou heureusement!) pas raconter ce qui se passe en cas d’échec du test, mais je sais que cela implique une prise en charge médicale immédiate et efficace.

La suite, à la maison

Après le test de provocation, c’est la réintroduction à la maison. Là-dessus, j’ai été un peu moins chanceux par le passé : mes deux dernières allergies perdues (pétoncle et calmar) ont brusquement ressurgi à la maison après en avoir mangé sans problème (trois ou quatre fois dans le cas des pétoncles… et une seule fois dans le cas du calmar). Avant cela, j’avais également perdu puis redéveloppé mes allergies aux escargots, au thon et aux moules.

Il reste que j’ai pu réintroduire avec succès plusieurs aliments suite à des tests de provocation. Chaque introduction réussie représente, pour moi, la lumière au bout du tunnel.

Et c’est ce qui s’est produit pour les pois chiches: cela fait trois mois que j’en avale quotidiennement et je n’ai eu aucune réaction à ce jour. Inutile de dire que cela me rend très, très heureux.

Et une allergie de moins. Check!

Christophe Bettez-Théroux [1]Âgé de 18 ans et allergique à une quinzaine d’aliments, Christophe Bettez-Théroux collabore à l’occasion au site dejouerlesallergies.com [2]. Il étudie en littérature au CÉGEP et rêve de devenir un auteur publié.

Rédaction : Avril 2016

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