À trois mois, Jakob est un enfant « intense ». Mais qu’est-ce qui le fait pleurer et l’empêche de dormir? Et pourquoi sa peau est-elle si irritée et eczémateuse? Témoignage d’une mère décidée à trouver des réponses à ses questions, envers et contre tous.
Par Marie-Ève Dionne
Jakob, notre troisième enfant, est né en août 2010. Nous avons alors un fils de cinq ans et une fille de trois ans et, avec ce beau garçon tant attendu après une fausse couche, notre famille est enfin complète.
La question de l’allaitement ne se pose pas : j’ai l’intention de nourrir Jakob au sein pendant au moins une année, comme je l’ai fait pour son frère et sa sœur.
Pourquoi est-il comme cela ?
En novembre 2010, Jakob a trois mois. Il est particulièrement irritable. Il se réveille très souvent la nuit, aux deux heures en moyenne. Durant le jour, il pleure beaucoup et réclame les bras de maman ou de papa, longuement. Je me dis simplement qu’il est « comme ça », plus intense que mes autres enfants et que cette phase difficile finira par passer.
Je remarque quand même que sa peau est très, très sèche à la grandeur du corps et que les crèmes hydratantes ne l’aident pas du tout. Très vite, la peau de ses joues, de son cou et de tous les plis de son corps devient eczémateuse, rouge vif et parfois même purulente et infectée.
Lorsqu’on regarde mon bébé, on ne s’exclame pas sur sa beauté. On se demande plutôt pourquoi il est « comme ça. »
Un cadeau de Noël empoisonné
Décembre 2010. Jakob a quatre mois. Son état demeure le même pendant toute la période des fêtes : il se gratte, dort peu, pleure beaucoup, sa peau est rouge et suintante. Il n’est vraiment pas bien.
Le 26 décembre, après avoir mangé des noix mélangées puis avoir allaité Jakob, je remarque une recrudescence de ses démangeaisons. Il se gratte tellement que son corps est couvert d’égratignures. La clinique médicale où nous allons habituellement étant fermée pendant le congé des fêtes, je me rends à l’hôpital où, après une attente de quatre heures, on finit par me dire qu’il n’y a rien à faire. On refuse de me donner une crème à base de cortisone et on m’effraie en m’exposant les effets secondaires de celle-ci. On me conseille, finalement, de prendre mon mal en patience en ajoutant qu’avec la poussée dentaire, la situation va encore empirer.
Je suis un brin frustrée. Je n’arrive pas à croire qu’en 2010 (presque 2011), on ne puisse traiter un mal aussi courant que l’eczéma !
Quelques temps après cet incident, lors d’une visite à la clinique pour faire vacciner Jakob, des infirmières me disent que j’ai été mal conseillée, que je dois voir un médecin, un pédiatre de préférence. Elles évoquent une diète d’éviction.
Le lendemain, sans tarder, je consulte en clinique de pédiatrie. La pédiatre me prescrit un lot de crèmes, avec et sans antibiotiques, mais rejette du revers de la main l’idée que tous ces tracas puissent être causés par mon lait (Jakob est exclusivement allaité à cette époque et ne mange aucun aliment solide). Cette spécialiste m’assure que je n’ai AUCUNE raison de m’inquiéter et de me priver de quelque aliment que ce soit. « Il est très rare, conclut-elle, qu’un bébé exclusivement allaité soit allergique aux aliments que consomme sa mère. »
Les grands moyens
Nous avons beau traiter et traiter encore avec les crèmes, la peau de Jakob ne s’améliore que très peu et il est toujours aussi irritable. Je prends donc l’initiative de débuter la diète d’éviction, malgré l’avis de la pédiatre. Je me dis que je n’ai rien à perdre, sauf, peut-être, quelques kilos en trop !
Je commence par éliminer les noix et les produits laitiers puis j’enlève, peu à peu, les autres allergènes les plus courants : œufs, soya, bœuf et fruits de mer. Le changement est radical. La peau de Jakob s’améliore rapidement, son caractère aussi. Ce n’est plus du tout le même bébé ! Je cesse peu à peu les traitements de cortisone.
Je revois mon médecin de famille qui est sceptique, elle aussi, et plutôt en désaccord avec le fait qu’une maman se prive d’autant d’aliments. Je lui raconte que Jakob a fait une crise d’urticaire après que j’aie mangé une quiche remplie d’œufs et aussi après avoir consommé de la boisson de soya. J’exige un rendez-vous avec un allergologue. Elle m’explique que pour un enfant aussi jeune que Jakob, les résultats des tests d’allergie sont souvent faussés ou peu concluants.
De mon côté, je suis satisfaite de voir que mon bébé va mieux. Mais je suis aussi suis crevée. Cela fait presque deux mois que je ne consomme plus aucun des principaux allergènes. Je l’avoue, je trouve cela très pénible et le manque de sommeil commence à me jouer des tours. D’un commun accord, mon conjoint et moi décidons de cesser l’allaitement et de donner à Jakob la préparation hypoallergène Alimentum. J’ai le cœur gros à l’idée de ne pouvoir donner à mon bébé le meilleur de moi-même, comme je l’ai fait pour son frère et sa sœur !
Enfin, un diagnostic !
J’obtiens un rendez-vous avec l’allergologue en février, alors que Jakob a six mois. Les résultats sont plus que concluants ! Mon fils réagit fortement à plusieurs allergènes tels le lait, les œufs, les arachides et davantage encore aux graines de sésame. Les résultats pour le soya et le blé sont plus ou moins concluants. Il réagit mais pas suffisamment pour que l’on soit certain qu’il y soit allergique.
Nous ressortons du bureau de l’allergologue avec une prescription pour un auto injecteur d’adrénaline car si Jakob consomme certains des aliments auxquels il est allergique, cela pourrait avoir des conséquences fatales.
Le même jour, j’offre une portion de céréales d’orge à mon coco au souper. Très vite, son corps se couvre de plaques d’urticaire et il devient très mal en point. C’est clair pour nous : il est également allergique à cet aliment. Nous nous tournons alors vers les céréales de riz. Ce sont les seules qu’il peut consommer jusqu’à son prochain suivi, prévu pour cet été.
Un nouveau bébé
Grâce à Alimentum et à une alimentation adaptée, la peau de Jakob est saine à 95 % et il fait des nuits de neuf à dix heures. Je n’ai plus besoin d’utiliser ses crèmes hydratantes à base de cortisone. Jakob est devenu un super bébé souriant, en forme. Le bébé que toutes les mamans rêvent d’avoir !
Cette épreuve m’a appris à faire confiance à mon instinct. Nous seuls, parents, connaissons suffisamment notre enfant pour savoir que quelque chose ne va pas chez notre petit !
Dernière révision : juin 2011
À propos de l’auteure :
Marie-Ève Dionne est maman à la maison de trois enfants. Le plus jeune, Jakob, souffre d’allergies alimentaires multiples. Marie-Ève a créé une page Facebook pour pouvoir échanger sur le cheminement de son bébé (découverte des allergies, traitements, alimentation, suivi médical ) avec des gens qui s’intéressent à cette problématique et à l’évolution de Jakob.
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