Par Marie-Josée Bettez
Les premières allergies de mon fils, Christophe, se sont manifestées alors qu’il n’avait que quatre mois.
D’abord, l’allergie aux produits laitiers. Puis, à l’œuf. Au kiwi. À la moutarde. Au poisson. Et ainsi de suite jusqu’à ce que la liste des interdits compte une trentaine d’aliments.
À l’époque, les options étaient plus que limitées : en l’absence de traitement, on vivait avec les allergies alimentaires du mieux qu’on pouvait en priant pour qu’elles disparaissent spontanément.
L’immunothérapie orale (ITO) a changé la donne… jusqu’à un certain point.
Un problème d’accès
L’ITO est une forme de désensibilisation visant à traiter l’allergie alimentaire. Elle consiste à ingérer l’aliment chaque jour, en commençant par une dose minime et en progressant jusqu’à atteindre une portion normale.
Offert au Québec depuis 2017, ce traitement a fait ses preuves. Le hic? Trop peu y ont accès.
La liste des patient.e.s en attente d’une ITO ne cesse de s’allonger en raison du manque de ressources spécialisées. Or, le temps joue un rôle crucial, surtout pour les nourrissons.
L’ITO a en effet de fortes chances de mener à la résolution complète de l’allergie alimentaire si elle est réalisée au cours de la première année de vie.
Après, la désensibilisation est possible, mais les chances de guérison complète et permanente sont moins grandes.
L’idéal est donc d’intervenir le plus tôt possible.
Malheureusement, vu les délais pour obtenir une consultation avec un.e allergologue, la fenêtre d’opportunité est souvent refermée avant même la première rencontre.
Il y a certainement moyen de faire mieux.
Première plongée dans l’univers de la recherche
C’est dans ce contexte qu’en collaboration avec le CHU Sainte-Justine et Immerscience, Déjouer les allergies entreprendra cette année son tout premier projet de recherche. Cette initiative est possible grâce à une subvention des Fonds de recherche du Québec.
Je ferai équipe avec Dr Philippe Bégin, immunologue-allergologue, et Catherine Lord, présidente d’Immerscience, pour explorer les pistes de solution permettant aux familles d’initier une ITO précocement chez les nourrissons, avant même d’avoir rencontré l’allergologue.
Et parce que plusieurs milliers de têtes valent mieux que trois, nous ferons appel à vous tout au long du processus par le biais de sondages et d’entrevues.
La phase de recherche à proprement parler débutera à l’automne 2023. L’étude devrait être complétée d’ici la fin de 2024.
Mobiliser la communauté
Christophe, qui est maintenant un jeune adulte, ne bénéficiera pas directement des retombées de ce projet.
Au fil des années, il a perdu des allergies et en a conservé d’autres. Quinze autres, pour être plus précise.
Dans son cas, la fenêtre d’opportunité s’est refermée.
Je ne perds pas espoir pour autant. Je veux croire que chaque nouvelle avancée dans ce domaine profitera éventuellement à l’ensemble des personnes allergiques.
Dans l’immédiat, quel magnifique défi pour notre communauté que celui de contribuer à faire évoluer le traitement de l’allergie alimentaire chez les tout-petits pour permettre au plus grand nombre possible de guérir de façon définitive!
Pour paraphraser Margaret Mead : ne doutez jamais qu’un petit groupe de personnes (pas si petit dans notre cas) puisse changer le monde. En fait, c’est toujours ainsi que cela s’est produit.
La suite… très bientôt.
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Rédaction : juillet 2023
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