Par Christophe Bettez-Théroux
C’est avec une certaine émotion qu’à l’âge de dix-sept ans, je suis récemment retourné à mon école primaire.
Sur le groupe de soutien Déjouer les allergies, je lis fréquemment des messages de parents inquiets par la perspective d’envoyer leur enfant à l’école primaire. Avec un peu de recul, je réalise qu’il peut effectivement être assez angoissant de confier un tout jeune enfant à d’autres adultes qui ne sont pas toujours sensibilisés à ses allergies (que ce soit à l’école ou lors d’un camp).
À cet égard, je me souviens d’un camp de jour, alors que j’avais six ou sept ans. La responsable de mon groupe, ayant complètement oublié que j’étais allergique aux œufs, m’avait offert une bouchée de son sandwich à… vous devinez quoi! Rassurez-vous, j’ai refusé.
Une formule gagnante
Heureusement, il n’en a jamais été ainsi à l’école primaire Saint-Louis-de-France que j’ai fréquentée de la première à la sixième année. Le personnel de l’école y prenait les allergies très au sérieux. C’est toujours le cas, d’ailleurs!
Pour vous dresser le portrait des mesures qui y sont prises pour gérer les allergies alimentaires, je me suis entretenu avec Chantal Doyle, technicienne en service de garde de l’école Saint-Louis-de-France 1 (maternelle, 1ère et 2e années) depuis 26 ans et Michelle Nadeau, technicienne en service de garde de l’école Saint-Louis-de-France 2 (3e à 6e années) depuis 28 ans.
Q : Avez-vous banni des aliments à l’école?
R : Oui, les noix et arachides. Si un enfant arrive avec des noix ou des arachides, nous lui remettons une lettre qui rappelle aux parents l’interdiction.
Q : Comment cette interdiction est-elle reçue par les parents d’élèves non allergiques?
R : Les autres parents ont une belle sensibilité par rapport aux allergies. Ils savent que les interdictions visent à protéger des enfants et ils collaborent très bien, même s’il arrive d’occasionnels oublis, par exemple la présence d’une sauce contenant des arachides dans un plat thaïlandais. La mère qui a commis cette erreur nous a elle-même appelés pour s’excuser. Nous n’avons jamais reçu de plaintes quant aux mesures que nous prenons.
Q : Comment faites-vous pour identifier les élèves allergiques?
R : Au début de chaque année, tout le personnel revoit la liste des enfants allergiques à l’occasion d’un rappel de formation sur l’auto-injecteur. En sortie, nous apportons toujours l’auto-injecteur. Sur la liste des présences, le nom de l’élève allergique est surligné et son allergie est inscrite à côté. De cette façon, s’il y a un remplaçant et que nous oublions de transmettre l’information, il le saura quand même en regardant la feuille de présences. Dans chaque local, nous conservons une fiche d’urgence santé qui identifie tous les enfants allergiques.
Q : Au moment du repas, est-ce que les élèves allergiques mangent avec les autres?
R : Oui, tout à fait. L’élève n’est jamais séparé des autres. Au contraire, si, par exemple, un enfant arrive avec une barre tendre contenant des arachides, nous allons lui demander de venir la manger dans notre bureau. Nous lui ferons laver les mains et, par la suite, le bureau sera nettoyé.
Les enfants du groupe sont conscients qu’il faut faire attention et, si un élève apporte un sandwich aux œufs alors qu’un autre y est allergique, ce sont les enfants qui le signalent avant même qu’on aie le temps de regarder le contenu des boîtes à lunch!
Q : Quelles précautions sont prises par rapport au four à micro-ondes?
R : Dans chaque local, nous avons un micro-ondes sans poisson. Nous nous assurons que les repas des enfants allergiques à d’autres aliments que les arachides, les noix ou le poisson soient réchauffés en premier. Entre chacun des deux services du midi, tous les micro-ondes sont nettoyés, comme les tables.
Si, par erreur, un autre repas que celui de l’élève allergique a été réchauffé en premier, nous utilisons un micro-ondes dans un autre local. À Saint-Louis-de-France 1 (maternelle, 1ère et 2e années), les enfants viennent porter leur repas à l’éducatrice qui se charge elle-même de les réchauffer.
Q : En cas de distribution de récompenses alimentaires lors d’une activité spéciale, qu’offrez-vous aux enfants allergiques?
R : Nous communiquons toujours avec les parents pour leur demander ce que nous pouvons offrir en guise de compensation. S’ils nous donnent la marque d’un produit qui convient à leur enfant, nous allons l’acheter. Certains parents fournissent eux-mêmes des gâteries de substitution.
Cependant, nous avons tenté d’éliminer le plus possible les récompenses alimentaires : nous n’en donnons qu’à l’Halloween et, parfois, à Noël. Nous les remplaçons par des activités spéciales. Nous avons réalisé que les enfants étaient très heureux lorsque nous leur donnons une période de gymnase supplémentaire ou des petites surprises non comestibles!
Q : Y a-t-il déjà eu une réaction à l’école?R : Non, jamais. On touche du bois!
Je tiens à remercier madame Doyle et madame Nadeau, deux femmes exceptionnelles, pour cette entrevue.
Je garde d’excellents souvenirs de mon école primaire. Je souhaite sincèrement à tous les enfants allergiques d’être encadrés et accompagnés avec autant d’attention et de compréhension que je l’ai été.
Et vous?
Qu’en est-il de votre école? Quelles précautions prend le service de garde de votre enfant?
Âgé de 17 ans et allergique à une quinzaine d’aliments, Christophe Bettez-Théroux collabore à l’occasion au site dejouerlesallergies.com. Il étudie en littérature au CÉGEP et rêve de devenir un auteur publié.
Rédaction : novembre 2015
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