Des conseils à ne pas suivre

by Marie-Josée Bettez

À l’approche de Noël, les « spécialistes » de tous poils nous inondent de recommandations variées. Donnés, on le suppose, de bonne foi, ces conseils ne sont pourtant pas toujours éclairés.

Voici deux exemples qui nous touchent, vous et moi, de près.
Pere-Noel-(240x280).jpg

Premier exemple

Andrée, une lectrice, me signale qu’à l’émission TVA endirect.com du 17 décembre, il a été question des règles de savoir-vivre applicables aux réceptions du temps des fêtes. Deux professionnelles de l’étiquette répondaient aux questions de l’auditoire, dont celle-ci : « Lorsqu’on est reçu, doit-on manger le repas qui nous est servi lorsqu’on ne l’aime pas ou qu’on est allergique à un ou plusieurs aliments contenus dans l’assiette? » La réponse des spécialistes (telle que me l’a rapportée Andrée) : « Vous devez quand même manger le repas en sélectionnant dans l’assiette ce que vous aimez ou ce à quoi vous n’êtes pas allergique. »

Aïe aïe aïe! Immergée comme je le suis dans l’univers des allergies alimentaires, je m’étonne parfois de constater à quel point certaines personnes ignorent TOUT de cette réalité!

Vous le savez comme moi, l’allergie ne se compare pas à un caprice alimentaire. L’ingestion d’une trace d’un allergène peut suffire à entraîner une réaction allergique grave. Il faut donc présumer que les allergènes contenus dans l’assiette ont contaminé l’ensemble du repas. Bref, dans un tel cas, on s’abstient de manger, un point c’est tout! Et on prévoit des solutions de rechange pour éviter de se trouver dans cette pénible situation.

Ce conseil malavisé a non seulement pour effet d’induire en erreur les personnes allergiques mais aussi d’amener ceux et celles qui ne sont pas aux prises avec des allergies alimentaires à en minimiser la gravité et à ridiculiser les précautions légitimes prises par leurs proches allergiques pour éviter une réaction. Désolant!

Deuxième exemple

Dans un texte publié dans le Journal de Montréal et repris sur le site canoë.ca, un médecin (également chirurgien et traumatologue) fait état des affections les plus courantes du temps des fêtes, parmi lesquelles l’allergie alimentaire (l’indigestion et la gueule de bois sont les deux autres « affections » mentionnées…).

Voici un extrait de cet article : « La réaction alimentaire la plus sévère est l’anaphylaxie qui peut impliquer tous les symptômes précédents et mettre la vie en danger. En cas de symptômes graves, bonne idée que de faire un saut à l’urgence. Autrement, les symptômes finiront par se dissiper. »

Ces propos assez nonchalants étonnent de la part d’un professionnel de la santé. En cas de réaction allergique grave, le protocole établi par les allergologues est pourtant clair : d’abord administrer l’adrénaline puis filer immédiatement à l’hôpital (on recommande même de s’y rendre en ambulance). Dans pareilles circonstances, « faire un saut à l’urgence », c’est plus qu’une bonne idée, c’est absolument essentiel! Parce que, malheureusement (et j’en parle en connaissance de cause), les symptômes ne se dissipent pas toujours d’eux-mêmes.

Mon conseil

Si je peux, à mon tour, me permettre de vous donner un conseil (et je vous laisse juger de sa valeur!) en cette période de grande fébrilité collective, c’est celui-ci : gardez le cap sans vous laisser distraire par les recommandations des pseudo spécialistes… ou les commentaires désobligeants de certains proches. Vous connaissez les précautions à prendre, prenez-les et ne relâchez pas votre vigilance, fêtes ou pas.

C’est une question de santé et de vie.

Auteure: Marie-Josée Bettez
Date: décembre 2010

À propos de l’auteure :
Marie-Josée Bettez est avocate, entrepreneure et mère d’un enfant allergique à de multiples aliments. Elle a signé deux ouvrages sur les allergies alimentaires et donne régulièrement des ateliers et conférences sur le sujet en plus de s’impliquer auprès de diverses organisations œuvrant dans ce domaine.

Vous aimeriez commenter ce texte? Facile! Vous n’avez qu’à cliquer sur le mot «Commentaires» au bas de cette page!

{ 0 commentaires }

Imprimer cet article Imprimer cet article